Regard sur les Etats-Unis

lundi 5 septembre 2011

9/11 : 10 ans déjà



Les Etats Unis commémoreront dimanche le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Ce jour là, quatre avions de lignes furent détournés pour attaquer le cœur du pouvoir financier et militaire américain : le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington. Le 9/11, comme disent les américains, a marqué à jamais l’histoire contemporaine et fait entrer les Etats-Unis dans le XXIème siècle.

Si les conséquences directes furent considérables (les attentats ont fait 2977 victimes), celles indirectes ne l’étaient pas moins : les Etats-Unis se sont engagés dans deux guerres, le Congrès a adopté des mesures de surveillance inédites de la population et de nombreuses personnes ont été affectées de déficience respiratoires, troubles pulmonaires ou de cancer.

Une décennie est passée mais le souvenir reste intact. En 2001, les Etats-Unis étaient bercés d’illusions et l’économie américaine était prospère. En dix ans tant de choses ont changé…

Rien que d’un point de vue strictement économique, le coût des attentats serait estimé à près de 24 milliards de dollars. Ils auraient directement entrainé la faillite de plusieurs milliers d’entreprises (causant le licenciement de 40.000 personnes).

D’un point de vue sociétal, les conséquences sont également importantes. Le Department of Homeland Security fut créé en novembre 2002. Son but est d’organiser la sécurité intérieure du pays. Il emploie 170.000 personnes et regroupe 22 agences fédérales (dont les gardes-côtes, les douanes et les services secrets). Il est doté d’un budget d’environ 30 milliards de dollars.

Le Patriot Act fut également adopté dès le 26 octobre 2001. Cette législation antiterroriste a considérablement augmenté les pouvoirs de deux administrations américaines que sont le FBI et la CIA. Désormais, ces deux agences peuvent procéder à des perquisitions et saisir des documents privés sans avoir à se justifier. Des citoyens américains peuvent être emprisonnés sans procès préalable ni possibilité de pouvoir être confrontés à leur accusateur. La CIA et le FBI ne sont également plus contraintes de répondre de leurs actions devant les élus. Le Patriot Act a également créé les statuts de combattant ennemis et illégaux. Cette législation, contraire aux droits civiques les plus fondamentaux dans une démocratie, fut critiquée et contestée par une partie de l’opinion publique américaine mais demeure malgré tout applicable dix ans après…

Ce constat pessimiste mérite toutefois d’être nuancé. L’annonce de l’élimination d’Oussama Ben Laden le 1er mai dernier demeure une victoire pour les Etats-Unis et marque le début de la phase de reconstruction. Le 11 septembre 2011, Barack Obama doit inaugurer le 9/11 Memorial installé sur l’emplacement même des tours jumelles détruites du WTC. Un musée commémoratif devrait également ouvrir ses portes en septembre 2012.

La prochaine décennie sera marquée par la reconstruction de l’ensemble du site du WTC, préalable indispensable pour tourner la page de l’une des pires tragédies du siècle.

Pour en savoir plus :

De nombreux ouvrages en anglais ont été publiés sur le sujet dont : The Bin Ladens de Steve Coll (The Penguin Press HC).

Les éditeurs français ne sont pas en reste et annoncent la sortie de plusieurs ouvrages pour mieux décrypter les enjeux et conséquences du 11 septembre. Si certains décrivent de l’intérieur les attentats, d’autres prennent du recul sur les évènements et analysent leur impact.

Parmi les différents ouvrages/documentaires publiés ces derniers jours, Regard sur les Etats-Unis vous recommande le documentaire réalisé par Louis Royer (Le 11 septembre 2001, studio Antarctic). Ce film retrace méticuleusement le cours des évènements tout en expliquant la préparation des attentats.

A noter également que certains ouvrages contestent et critiquent les conclusions de l’enquête officielle menée par l’Administration (Un autre regard sur le 11 septembre, 10 ans après le nouveau Pearl Harbor 2, David Griffin, éditions Demi Lune) ou penchent du côté de la théorie du complot.

Regard sur les Etats-Unis vous signale également que deux documentaires sur le 11 septembre ont été mis en ligne gratuitement sur You Tube par DOC EN STOCK à l’adresse suivante : http://bit.ly/pxj1X2

Le premier intitulé « Que reste-t-il du rêve américain ? », a été réalisé par Daniel Leconte (prix Albert Londres, C’est dur d’être aimé par des cons, Le bal des menteurs) et explore les bouleversements auxquels les américains doivent faire face après le 11 septembre. Le second, « Une gloire amère » est une carte blanche donnée Amos Kollek, grand cinéaste (Sue perdue dans Manhattan) dont le nom est indissolublement lié à celui de New York.

Retrouvez ces ouvrages dans notre boutique.

dimanche 28 août 2011

Rick Perry (Parti républicain)

Rick Perry (Copyright 2011 Texas Governor Rick Perry) 

Le 13 août 2011, l’actuel gouverneur de l’Etat du Texas, Rick Perry, a annoncé sa candidature aux primaires du parti républicain. Ce redoutable politicien a d’emblée précisé les raisons qui l’on poussé à se déclarer : il souhaite adresser une lettre de démission à l’actuel locataire de la Maison Blanche.

Sa décision pourrait bien rebattre les cartes des primaires car Rick Perry est actuellement le seul candidat en mesure de menacer le favori des sondages, Mitt Romney.

Bien que relativement peu connu à l’extérieur des Etats-Unis, Rick Perry n’en demeure pas moins l’un des ténors du parti républicain et l’un des politiciens les plus en vue de son pays.

Sa carrière politique commence en 1984, lorsqu’il est élu à la législature du Texas comme représentant de la circonscription d’Haskell. Détail qui a son importance : il se présente alors sous les couleurs du parti démocrate. Il sera par la suite réélu à trois reprises. En 1988, il soutient activement la candidature d’Al Gore aux primaires de son parti avant de rejoindre quelques mois plus tard le parti républicain, une formation politique qu’il ne quittera plus désormais.

Rick Perry commence sa nouvelle carrière politique comme commissaire à l’Agriculture du Texas à partir de l’année 1990. Huit ans plus tard, il devint le lieutenant-gouverneur de George W. Bush.

En 2000, il succède à son mentor au poste de gouverneur du Texas après avoir largement contribué à faire de cet Etat l’une des places fortes du parti républicain (en 1995, George W. Bush fut le deuxième gouverneur républicain du Texas depuis 1877). Rick Perry ne cédera dès lors plus ses fonctions et sera réélu en 2002, 2006 puis en 2010. Cette longévité fait de Rick Perry le détenteur du plus long mandat de gouverneur de l’Etat du Texas de tous les temps.

Le 13 août 2011, lorsqu’il annonce sa candidature à l’investiture du parti républicain, Rick Perry déclare : « avec ma foi en Dieu, le soutien de ma famille et une foi inébranlable en les vertus de l’Amérique, je suis candidat à la présidence des Etats-Unis »

La principale force de Rick Perry réside dans sa capacité à rassembler très largement les électeurs conservateurs et centristes autour de sa candidature. Sur le fond, ses convictions politiques sont assez conservatrices (partisan de la peine de mort, opposé au mariage gay et à l’avortement, contre l’intervention de la puissance publique, en faveur d’une réorganisation complète de la fiscalité et soulignant régulièrement ses convictions chrétiennes) mais son bilan économique local positif pourrait peser lourd lors de la campagne. En effet, le Texas, depuis la mi-2009, aurait contribué pour près de 37% des créations d’emplois aux Etats-Unis et serait l’Etat le plus attractif du pays pour les entreprises.

Dans la forme, Rick Perry est d’un tempérament assez franc. Ses prises de positions contre Ben Bernanke ont fait couler beaucoup d’encre. En employant un ton plutôt agressif, il avait déclaré à propos du président de la Réserve fédérale américaine, qu’il estimait que la mise en place de nouvelles mesures de relance de l'économie américaine avant l'élection présidentielle, constitueraient une action "déloyale et traîtresse". Ses prises de position en matière de réchauffement climatique (qu’il conteste) revêtent également un accent populiste.  

Les premiers sondages publiés à peine deux semaines après la déclaration de sa candidature sont plutôt encourageants : 29% des sympathisants du parti républicain voteraient pour lui, contre 17% en faveur de Mitt Romney (sondage Gallup publié le 25 août).

Mais ces résultats doivent être relativisés : l’effet de surprise de sa candidature a fortement contribué à cet engouement qu’il lui faudra désormais conserver.

Pour en savoir plus :
Le site de campagne de Rick Perry : http://www.rickperry.org/

Publications :
Rick Perry a rédigé deux ouvrages :
-        « On My Honor: Why the American Values of the Boy Scouts are Worth Fighting For » publié en février 2008 et,
-        « Fed Up! Our Fight to Save America from Washington » publié en novembre 2010.

mercredi 13 juillet 2011

Réflexions sur la possibilité d’une victoire républicaine en 2012

Mitt Romney (Photo de Eric Draper/CPAC 2011)


A plus d’un an des élections présidentielles, il est temps d’évaluer les chances du parti républicain de l’emporter. Pour ce faire, il s’avère nécessaire de faire le point sur les candidats déclarés aux primaires et ceux qui hésitent encore à se lancer.

LES CANDIDATS AUX PRIMAIRES REPUBLICAINES

En date du 13 juillet 2011, dix candidats se sont officiellement déclarés :
- Michele Bachmann,
- Herman Cain,
- Newt Gingrich,
- Jon Huntsman,
- Gary E. Johnson,
- Thaddeus McCotter,
- Ron Paul,
- Tim Pawlenty,
- Mitt Romney et,
- Rick Santorum.

Deux autres personnalités hésitent à se lancer mais pourraient très prochainement annoncer leur candidature :
- Sarah Palin et,
- Rick Perry.

En revanche, les personnalités suivantes ont publiquement déclaré ne pas vouloir se porter candidat :
- Harley Barbour,
- Mitch Daniels,
- Mike Huckabee et,
- Donald Trump.

Le premier constat à tirer de cette liste exhaustive est que la plupart des candidats déclarés sont assez peu connus sur la scène politique nationale. Beaucoup d’entre eux exercent des responsabilités locales mais participent peu à la politique nationale. Toutefois ce constat se doit d’être nuancé. Certains candidats parmi ceux qui se sont déclarés commencent à se démarquer de leurs adversaires.

Depuis quelques mois, l’un d’entre eux se présente comme le candidat naturel du parti : il s’agit de Mitt Romney. Selon un sondage Fox News réalisé entre le 26 et le 28 juin 2011, Mitt Romney arriverait en tête des intentions de votes à la primaire républicaine (avec 18% des suffrages) suivit de Rick Perry (13%), qui ne s’est pourtant pas déclaré, puis de Michele Bachmann (11%), Sarah Palin (8%), Ron Paul (7%) et Herman Cain (5%).

En tout état de cause, le candidat désigné devra opter pour une stratégie offensive pour l’emporter en 2012. Etudions à présent les opportunités ouvertes aux républicains ainsi que les thèmes de campagne les plus vraisemblables.

LE SCENARIO REDOUTE PAR LES DEMOCRATES

Il est inutile de préciser qu’en tant que président actuel en exercice, Barack Obama dispose de sérieux avantages pour se faire réélire : le parti démocrate est derrière lui et il dispose toujours d’une forte capacité à inspirer ses électeurs. Le président est toujours assez populaire dans l’opinion publique américaine.

Pourtant les stratèges démocrates se méfient des prochaines échéances et l’élection présidentielle est encore loin d’être gagnée.

En effet, bien que l’histoire nous ait appris que les présidents en exercice avaient de grandes chances de se faire réélire, Barack Obama et ses équipes doivent avoir à l’esprit la défaite de George H. W. Bush en novembre 1992. A l’époque, le seuil de popularité du président s’était rapidement effondré alors qu’il se trouvait très élevé suite à son intervention dans le Golfe.

Les américains lui avaient alors reproché d’avoir négligé les problématiques de politique intérieure telles que l’économie et l’emploi. En 1992, le taux de chômage atteignait près de 7,8% de la population active (soit un niveau record depuis 1984). La division de l’électorat conservateur avait également contribué à la défaite du président sortant puisque le candidat indépendant Ross Perot avait bénéficié du report de voix de nombreux républicains (en remportant 19% des suffrages). Bill Clinton n’avait alors récolté que 43% des votes.

UN BILAN ECONOMIQUE DECEVANT

Les démocrates redoutent que ce scénario se répète. Le contexte économique actuel ne devrait pas les rassurer.

Le taux de chômage en juin 2011 atteint 9,2% de la population active (soit 14,1 millions de chômeurs). Ce taux a pratiquement doublé depuis 2007 et le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 545.000 demandeurs d’emploi depuis mars. Plus grave encore, les Etats-Unis n'auraient créé que 9,2 millions d'emplois entre 2000 et 2007, soit moins de la moitié du rythme des précédentes décennies.

Plus précisément, la hausse actuelle du chômage s’explique par les destructions de postes dans le secteur public (39.000 emplois ont été supprimés au mois de juin). Le secteur privé, quant à lui, demeure frileux : 57.000 emplois auraient été créés en juin. Selon un rapport publié par le cabinet McKinsey, il faudrait neuf ans à l'économie américaine pour espérer renouer avec le plein emploi (soit un taux de chômage aux alentours de 5%). Il faudrait pour y parvenir générer 21 millions d'emplois nets d'ici à 2020 (ce chiffre étant à rapprocher des 7 millions d'emplois détruits depuis le début de la récession).

Les enquêtes d’opinion le soulignent : les américains sont inquiets et non satisfaits de l’administration Obama. Un sondage publié par l’institut Rasmussen réalisé entre les 7 et 10 juillet 2011 indique que près de 52% des américains désapprouvent la politique de l’actuelle administration (contre 47% d’opinions favorables).

Plus inquiétant encore pour les démocrates, les électeurs les plus remontés contre l’actuel président semblent être originaires de certains Etats clés de la future campagne présidentielle tels que : la Floride, le Michigan ou encore l’Ohio.

Les américains sont d’autant plus remontés que Barack Obama a engagé des dépenses publiques colossales pour renflouer des pans entiers de l’économie en affectant quelques 800 milliards de dollars au plan de relance et en procédant au sauvetage des constructeurs automobiles General Motors et Chrysler.

UN DEFICIT BUDGETAIRE INQUIETANT

Seconde problématique à résoudre pour Barack Obama : la réduction du déficit budgétaire. Celui-ci atteint désormais près de 10,9% du PIB. La Maison Blanche prévoit pour l’exercice 2011 un budget de 3.729 milliards de dollars, avec un déficit de 1.645 milliards, commencé début octobre, puis 1.101 milliards pour l'exercice 2012.

Durant la prochaine décennie, Barack Obama s’est engagé à réduire le déficit budgétaire de 1.100 milliards de dollars. Pour y parvenir, l’administration table sur une hausse des recettes adossée à une reprise économique mais également sur la suppression de douze niches fiscales notamment concernant les entreprises spécialisées dans les matières fossiles (telles le pétrole, le gaz et le charbon), qui doit permettre de dégager 46 milliards de dollars sur dix ans.

DES OPPORTUNITES POLITIQUES A SAISIR

Dans ce contexte, les républicains devraient se réjouir: Barack Obama n’est plus imbattable en 2012. Mais pour parvenir à l’emporter, la droite américaine ne pourra se contenter de critiquer la politique gouvernementale actuelle, elle devra non seulement proposer une candidature crédible mais également se baser sur un programme réaliste.

En ce qui concerne les candidats, trois d’entre eux présentent un profil intéressant. Il s’agit de Jon Hunstman, Tim Pawlenty et Mitt Romney. Leur point commun : ils ont tous occupé le poste de gouverneur d’Etats stratégiques :

Jon Hunstman fut gouverneur de l’Etat de l’Utah de 2005 à 2009. Ce proche de John McCain fut nommé ambassadeur des Etats-Unis par Barack Obama en 2009, mais il démissionna fin janvier 2011 pour présenter sa candidature à l’élection présidentielle.

Tim Pawlenty, quant à lui, a exercé les fonctions de gouverneur de l’Etat du Minnesota de 2003 à 2011. Ce chrétien évangélique est connu pour sa stricte gestion budgétaire qui lui a permis de diminuer le déficit budgétaire de son Etat.

Enfin, Mitt Romney fut le gouverneur de l’Etat du Massachussetts de 2003 à 2007. Homme d’affaire influent, Mitt Romney s’était notamment fait connaître lors de l’élection présidentielle de 2008 comme le principal opposant à John McCain.

Mais quelles que soient les qualités personnelles de ces trois candidats, aucun d’entre eux ne pourra l’emporter sans apporter des réponses claires et crédibles aux problèmes économiques rencontrés par les américains.

LES THEMES DE LA CAMPAGNE DE 2012

Deux grands chantiers seront à traiter en priorité par le futur président : la réduction du déficit budgétaire et la réduction du chômage par la relance de l’économie. Une équation difficile à résoudre et auxquels les républicains quels que soient leur profil et leur orientation devront s’y atteler.

La clé de la victoire repose sur un programme politique clair orienté vers une réduction du déficit budgétaire à moyen terme associé à une relance de l’économie à très court terme. Des réformes structurelles seront ainsi nécessaires pour relancer la croissance et l’emploi.

En ce qui concerne l’emploi, plusieurs pistes pourront être explorées : la réduction de la pression fiscale sur les employeurs, les programmes de réinsertion professionnelle soutenus par le secteur privé et une réforme de l’immigration.

Le problème du déficit budgétaire sera certainement le plus difficile à gérer. Les réductions d’impôts ne pourront pas se faire au détriment de l’équilibre des finances publiques et des solutions innovantes devront être envisagées. Une fois encore, la solution pourrait résider en un arbitrage plus minutieux des dépenses publiques.

Les dépenses d’investissements dans le domaine de l’éducation, de l’énergie, de la recherche publique et des transports seront nécessaires alors que certains postes tels que celui de la Défense pourraient être réduits. Une rationalisation des programmes fédéraux de protection sociale pourrait également permettre d’aboutir à un compromis acceptable.

L’ensemble de ces considérations devra être pris en compte par le candidat républicain à l’élection présidentielle, mais ces thèmes de campagne pourraient permettre à un candidat de se démarquer dès les primaires. Le débat public n’en serait qu’enrichi et les chances du parti républicain n’en seraient qu’accrues.

Un exemple de clip du parti républicain illustrant l'orientation donnée à la campagne :



vendredi 1 juillet 2011

Michelle Bachmann (Parti républicain/Tea Party)



Dans la perspective de l’élection présidentielle américaine de 2012, Regard sur les Etats-Unis vous présente les candidats les plus en vue de la campagne. Aujourd’hui, nous nous intéressons à Michelle Bachmann, candidate ultraconservatrice aux primaires républicaines.

Michelle Bachmann, 55 ans, est une ancienne avocate fiscaliste devenue sénatrice du Minnesota en 2001. Depuis 2006, elle est élue à la chambre des représentants et a fondé le premier groupe de parlementaires du Tea Party au Congrès (elle est actuellement présidente de ce groupe à la Chambre des représentants).

Lors d’un débat présidentiel tenu dans le New Hampshire et diffusé sur CNN le 13 juin 2011, elle a annoncé sa candidature aux primaires du parti républicain. Michelle Bachmann a ensuite officiellement lancé sa campagne dans sa ville natale de Waterloo, Iowa. Cette décision n’est bien entendue pas anodine lorsque l’on sait que l’Iowa constitue le premier test électoral de la campagne et peut donner une nette impulsion à sa candidature. 

Extrait de son annonce de candidature :


Michelle Bachmann est à ce jour la seule femme à briguer l’investiture du parti républicain, puisque sa principale potentielle concurrente, Sarah Palin, ne s’est pas déclarée.

Débutant à peine sa campagne, la nouvelle égérie du Tea Party a choisi de ne pas s’attaquer frontalement à ses adversaires républicains en préférant axer ses critiques sur le bilan de l’administration Obama. Fidèle à son tempérament bien trempé, son début de campagne prend un accent pour le moins populiste.

Au niveau de ses convictions, Michelle Bachmann se revendique de la branche la plus conservatrice de la droite américaine. Opposée à l’avortement et au mariage homosexuel, cette mère de cinq enfants a su s’attirer la sympathie de beaucoup d’évangélistes. Ses premières promesses de campagne prônent la réduction du déficit, la diminution du rôle de l’Etat et de l’imposition des entreprises, et surtout l’abrogation de la réforme du système de santé portée par le président Obama.

Consciente d’avoir pris ses concurrents de vitesse, Michelle Bachmann s’est lancée dans une visite éclair de trois Etats clés de sa future campagne : l’Iowa, le New Hampshire et la Caroline du Nord.

Reste à savoir si ses positions radicales et son orientation politique très conservatrice ne vont pas constituer un trop gros handicap pour briguer l’investiture du parti. Car en dépit d’une popularité grandissante au sein des rangs des partisans du Tea Party, l’électorat indépendant et les républicains les plus modérés pourraient s’écarter d’une telle candidature.

Dans le passé pourtant, des candidats ultra-conservateurs sont parvenus à figurer sur le ticket du parti républicain à l’élection présidentielle. Mais les primaires républicaines ne sont qu’une étape et cette ascension fulgurante devra se confirmer sur le plan national.

Pour en savoir plus :
Le site officiel de campagne de Michelle Bachmann : http://www.michelebachmann.com/
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dimanche 26 juin 2011

Les dessous controversés du renseignement américain



Alors que Barack Obama vient d’annoncer (le 22 juin) le calendrier de retrait de ses troupes en Afghanistan à compter du mois prochain, un documentaire de Marie-Monique Robin propose un éclairage intéressant des techniques ayant été utilisées par les services de renseignement américains en Afghanistan, à Guantanamo et en Irak.

Dans « Torture Made in USA », la journaliste s’intéresse aux raisons ayant conduit les Etats-Unis à utiliser des techniques de torture sur les prisonniers capturés.

Le documentaire revient sur les raisons ayant motivé l’administration Bush à s’écarter des dispositions des Conventions de Genève, de la Convention contre la torture et des lois américaines contre le War Crimes Act de 1996 (qui prévoit la peine de mort ou la prison à vie pour ceux ou celles qui utilisent la torture) dès le lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

L’intérêt du reportage, en dehors des interviews exclusives de grands témoins de l’époque (dont le général Ricardo Sanchez, ancien chef des forces de la coalition en Irak ; Larry Wilkerson, ancien chef de cabinet de Colin Powell ; Matthew Waxman, l’ancien conseiller de Condoleeza Rice à la Maison Blanche) et des retransmission filmées inédites des auditions parlementaires conduites entre 2004 et 2008 (notamment par la commission des forces armées du Sénat), est de mettre en évidence les documents écrits (mémorandums déclassifiés) prouvant que l’Administration à l’époque en exercice était parfaitement consciente de se soustraire aux conventions internationales les plus élémentaires.

Avant même que les images des sévices subis par les prisonniers de guerre de la prison d’Abou Ghraib ne soient rendues publiques, l’Administration Bush avait prévu de ses protéger d’éventuelles poursuites ultérieures en ayant recours à des juristes, réputés proches de Dick Cheney et de Donald Rumsfeld, afin de tenter de justifier l’injustifiable.

Le documentaire de Marie-Monique Robin évite l’écueil d’une vision trop partisane en expliquant que ces techniques ont généré beaucoup de réticences et de résistances au sein même du département d’Etat et de l’armée américaine.

Ces dérives écorcheront encore durablement la réputation de celle que l’on appelait encore il y a quelques années la « plus grande démocratie du monde ».

Pour en savoir plus :
- Torture Made in USA est diffusé par la chaîne de télévision franco-allemande Arte et sera disponible en DVD à partir du 28 juin 2011.

lundi 4 avril 2011

Barack Obama annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 2012



Par le biais de cette courte vidéo, Barack Obama a annoncé aujourd'hui sa candidature à l'élection présidentielle de 2012. A près d'un an et demi de cette échéance électorale, le président américain en exercice a décidé de se présenter prématurément de manière à récolter le plus de fonds possibles pour financer sa campagne. Objectif affiché par son équipe : récolter entre 750 millions et un milliard de dollars.

Ce n'est qu'en septembre 2012 lors de la convention de Charlotte (Caroline du Nord), que Barack Obama devrait vraisemblablement remporter l'investiture démocrate. Reste désormais à connaître, son adversaire républicain...

Pour en savoir plus :
Le site officiel de campagne de Barack Obama: http://www.barackobama.com

mercredi 8 décembre 2010

Les démocrates peuvent-ils rebondir ?

Le nouveau président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner.
A la suite des élections de mi-mandat, l’horizon de l’administration Obama s’est brusquement obscurci. Avant le 2 novembre 2010, le parti démocrate pouvait compter sur une double majorité au sein des deux chambres du Congrès. Depuis cette date, les républicains sont à nouveau à la tête de la Chambre des Représentants et ont remporté de précieux sièges au Sénat. La situation politique s’est donc pour le moins compliquée pour l’actuel président. Les cartes de l’échiquier politique ont bien été rebattues.  

Reste à présent à répondre à plusieurs questions. Quelles seront les conséquences des résultats de cette élection ? L’administration Obama pourra t-elle continuer à réformer le pays ? Risque-t-on d’assister à deux prochaines années d’immobilisme politique ? Quelle incidence cette élection aura-t-elle sur la future élection présidentielle ?

Le camp de Barack Obama a subi une très sérieuse défaite. Ces résultats ne constituent pas en soi une véritable surprise et ont été très largement anticipés par les analystes politiques. Les partisans du parti démocrate estiment avoir évité le pire : la perte de la majorité au Sénat et la victoire de certains membres éminents du parti (en Californie, Virginie occidentale et au Nevada notamment) ; ceux du parti républicain se prévalent à l’inverse d’avoir remporté une victoire historique.

Pour relativiser ce revers électoral, il convient tout d’abord de rappeler que les élections de mi-mandat réussissent rarement au président en exercice. Selon les évaluations calculées par les politologues américains, la moyenne des sièges perdus par le parti présidentiel s’élève à 28 à la Chambre des Représentants contre 4 pour le Sénat. Néanmoins ces chiffres permettent de mesurer l’étendue de la défaite subie par les démocrates lors de cette élection.

Premier enseignement de ce scrutin : le mouvement du Tea Party prend de l’ampleur. Son influence n’a d’ailleurs jamais cessé de se renforcer ces derniers mois sur le parti républicain. Ce mouvement contestataire populaire est né suite à la crise financière de 2008. L’une de ses principales revendications est la critique du plan de relance fédéral au système financier. Mais depuis sa création, le mouvement s’oppose également farouchement à deux autres réformes engagées par l’actuelle administration : la loi sur l’énergie et celle sur la réforme du système de santé. Sur ce dernier point, les républicains sont d’ailleurs déterminés à la rendre inapplicable. N’ayant pas obtenu pas la majorité au Sénat (ce qui leur aurait permis d’utiliser la procédure dite du « repeal ») les républicains vont pouvoir néanmoins compter sur l’appui de leurs 29 gouverneurs. Ces derniers vont ainsi pouvoir refuser d’accorder les crédits nécessaires en vue de l’application de cette réforme.

Les causes de ce revers électoral son connues : Barack Obama n’a pas su à nouveau convaincre ses électeurs qui lui avaient accordé leur confiance en 2008. La raison principale de cet échec est son incapacité à relancer l’économie américaine. Le pays a du mal à repartir suite à la crise financière, le chômage est particulièrement préoccupant et les électeurs américains ont sanctionné son manque de pragmatisme.

Les conséquences des élections de mi-mandat risquent d’être importantes pour les démocrates. Leur agenda va s’en trouver profondément ralenti, bouleversé voire totalement bloqué. Trois réformes qui devaient être menées sont ainsi particulièrement menacées : celle de la fiscalité, de la lutte contre le réchauffement climatique et de l’immigration.

Quelle conclusion peut être tirée par les démocrates de cette élection ?

Une chose est sûre, les deux prochaines années seront rudes pour Barack Obama et l’ensemble du parti démocrate. Après avoir subi l’une des plus grosses défaites de leur histoire à des élections de mi-mandat, les démocrates vont devoir travailler sur des problématiques plus consensuelles de manière à tenter de rallier certains républicains.

Pour autant, la nouvelle majorité à la Chambre des Représentants semble grandement compromettre les chances de faire passer toute nouvelle réforme d’envergure d’ici la prochaine élection présidentielle.

Mais en remportant la Chambre basse du Congrès, les républicains ont également hérité d’une pression supplémentaire. En effet, dans deux ans, les électeurs tiendront certainement compte des résultats obtenus par les parlementaires républicains pour relancer l’économie américaine. Nul doute que si ces derniers ne parviennent pas à obtenir des résultats concrets et visibles, ils s’exposeront à la même sanction électorale que le parti démocrate lors des midterms… Autre élément fondamental de la prochaine élection présidentielle : l’électorat centriste. Celui-ci pourrait être quelque peu rebuté à l’idée de voter pour un candidat soutenu par le Tea Party.

Ancienne composition du Congrès avant le 2 novembre 2010 :

Chambre des Représentants :
Démocrates : 256
Républicains : 179

Sénat :
Démocrates : 57
Républicains : 41

Composition actuelle du Congrès suite aux élections de mi-mandat :

Chambre des Représentants :
Démocrates : 191 (-65)
Républicains : 242 (+63)

Sénat :
Démocrates : 51 (-6)
Républicains : 46 (+5)

dimanche 23 mai 2010

L’adoption de la réforme de Wall Street en bonne voie




Dans un contexte d’extrême nervosité des marchés depuis plusieurs semaines, la réforme du système de régulation financière apparaît comme une évidence. Après l’adoption de la réforme du système de santé, il s’agit de la nouvelle priorité numéro un de l’administration Obama.

Ce jeudi, après l’adoption en décembre 2009 d’une première version du projet de loi par la Chambre des Représentants, les sénateurs ont approuvé leur propre texte. Il s’agit, selon les économistes, de la plus ambitieuse réforme du système de régulation financière américain depuis les années 1930. La rapidité à laquelle les sénateurs ont adopté cette version illustre, à elle seule, la nécessité d’une telle réforme : par 59 voix contre 39 les membres du Sénat se sont prononcés en faveur du projet de loi seulement quelques heures après le vote sur la clôture des débats.   

Voici les principaux points du projet de réforme : 
  1. La création d’un « Conseil de contrôle de la stabilité financière » pour lutter contre l’apparition de bulles spéculatives et contre le risque systémique. Ce Conseil devrait regrouper 7 régulateurs bancaires et financiers américains. Il aura pour principal objectif de prévenir l’apparition de facteurs de risques globaux. La FED (Réserve Fédérale) verra ses prérogatives renforcées. Elle pourra désormais exercer ses contrôles sur tous les établissements bancaires et financiers détenant plus de 50 milliards de dollars d’actifs financiers. Deux régulateurs devraient également fusionner : l’Office of the Comptroller of the Currency et l’Office of the Thrift Supervision.
  2. La défense des consommateurs et des petits actionnaires : la principale mesure réside dans la création d’une Agence de protection des consommateurs au sein de la FED. Cette agence aura pour objectif de prévenir les abus et de réguler les produits financiers dits « risqués ». Elle exercera notamment son contrôle sur la distribution des produits financiers basés sur le crédit (exemple : contrôle des cartes de crédit, des prêts immobiliers) et les placements. Un numéro vert sera également créé pour que les consommateurs puissent dénoncer ce type d’abus. L’autorité de cette nouvelle Agence s’exercera sur les établissements bancaires détenant plus de 10 milliards de dollars d’actifs.
  3. Pour prévenir tout risque systémique et tenir compte des institutions « too big to fail », le projet de réforme prévoit qu’en cas de faillite d’un établissement bancaire, un fonds de compensation alimenté par les autres établissements à hauteur de 150 milliards de dollars sera créé à postériori pour reprendre l’établissement puis le liquider. Cette opération serait ainsi neutre pour le Trésor et, par conséquent, pour le contribuable.
  4. La règle « Volcker » sera désormais appliquée. Les établissements bancaires détenant plus de 250 milliards de dollars d’actifs devront augmenter leurs niveaux de capitaux propres. Cette mesure est également destinée à prévenir la propagation de tout risque systémique.
  5. Les produits dérivés seront désormais encadrés. Les établissements bancaires et financiers auraient désormais l’obligation de s’échanger tout produit dérivé par le biais d’une chambre de compensation. Le projet de loi préconise également une interdiction pure et simple d’émission de swaps (échanges de flux financiers assimilable à une garantie). Les sénateurs souhaitent introduire davantage de transparence sur ce marché.
  6. Plus de transparence sera également instaurée vis-à-vis du contrôle des agences de notation, notamment en ce qui concerne leur méthodologie. Leurs performances seront désormais évaluées. Afin d’éviter les conflits d’intérêts, la SEC (Securities and Exchange Commission) désignera une agence de notation pour évaluer les produits dérivés complexes (exemple : les titres de crédit).
  7. La pratique des opérations de courtage pour compte propre pouvant permettre à des établissements bancaires de prendre des positions inverses de celles conseillées à leurs clients sera désormais encadrée. 
  8. Les fonds spéculatifs devront désormais s’inscrire auprès de la SEC.
  9. Les rémunérations seront également encadrées : les sociétés financières devront instituer un comité indépendant de leur direction pour surveiller les rémunérations. Un représentant des actionnaires y sera notamment présent. Les primes des gérants d’entreprise en difficulté seront également encadrées.
  10. La SEC verra ses moyens financiers renforcés. Elle pourra, par exemple, proposer des incitations financières destinées à favoriser la dénonciation de délits financiers.
  11. Les émetteurs de produits financiers composés de prêts titrisés devront désormais prendre en charge une partie du risque financier adossé à ces titres.
  12. L’ensemble des acteurs du marché des titres de dette des Etats et des collectivités locales auront l’obligation de s’enregistrer auprès de la SEC.
  13. Le dirigeant de la FED de New York sera désormais nommé par le président des Etats-Unis.
  14. Les anciens dirigeants de sociétés financières régulées par la FED ne pourront plus exercer de fonctions exécutives au sein de branches régionales de la FED, ni participer à la désignation de ces dirigeants.      
Les parlementaires (membres de la Chambre des représentants et du Sénat) vont désormais devoir s’entendre sur une version commune du projet de loi en rapprochant leurs deux versions. Ce n’est qu’après cette fusion que le texte pourra être adressé à Barack Obama pour promulgation. Reste à savoir la date à laquelle les parlementaires s’entendront sur une proposition commune. Certains observateurs espèrent un accord d’ici le 24 juin prochain (préalablement aux réunions du G8 et du G20) mais la date du 4 juillet 2010 est plus généralement annoncée. 

vendredi 16 avril 2010

La montée en puissance de Sarah Palin


Perdre à l’élection présidentielle américaine n’est pas systématiquement synonyme de « mort politique » aux Etats-Unis. L’exemple parfait d’une « reconversion » réussie : Sarah Palin. La colistière de John McCain sur le ticket républicain à l’élection présidentielle de novembre 2008 n’a jamais été si populaire outre-Atlantique.

Analysons à présent la montée en puissance de l’ex-gouverneur de l’Alaska (du 4 décembre 2006 au 26 juillet 2009).

Acte fondateur de la véritable renaissance politique de Sarah Palin : l’annonce, lors d’une conférence de presse, de sa décision de ne pas se représenter à l’élection du gouverneur de l’Etat de l’Alaska ayant pour conséquence une démission à compter du 26 juillet 2009. Les analystes politiques ne parviennent alors pas à s’entendre sur les raisons d’une telle décision.

Le 17 novembre 2009, Sarah Palin sort de sa réserve et publie « Going Rogue : An American Life ». Edité chez HarperCollins, les mémoires de Sarah Palin se sont déjà écoulées à près de 2,2 millions d’exemplaires : un véritable bestseller. Dans cet ouvrage, l’ex-candidate à la vice-présidence des Etats-Unis règle ses comptes avec ses détracteurs (notamment la plupart des médias américains) et présente sa vision de la foi. Bref, un ouvrage en droite ligne avec ses convictions de républicaine conservatrice : anti-avortement, membre de la National Rifle Association (le lobby pro-armes à feu américain), opposée au mariage homosexuel et favorable à la peine de mort.

Pourtant, Sarah Palin est un acteur de la vie politique américaine plus complexe qu’elle n’y paraît. Tout d’abord, et on s’en serait douté, Sarah Palin est une redoutable femme d’affaire. Son éditeur a dû lui faire une avance d’1,5 millions de dollars pour la publication de ses mémoires. Cette somme, certes relativement conséquente, ne constitue pourtant qu’un complément de revenu. Sarah Palin est également omniprésente à la télévision américaine. En dehors de la promotion de son ouvrage, deux chaines de télévision (Fox News et TLC) lui versent plusieurs millions de dollars : l’une pour une série documentaire consacrée à sa vie, l’autre pour ses compétences d’experte en politique. Sarah Palin est également la présentatrice du show populaire « Real American Stories ».

En plus de ses activités lucratives, Sarah Palin est désormais devenue l’une des conférencières les mieux payées aux Etats-Unis. Selon les estimations des médias américains, certaines de ses prestations seraient rémunérées plus de 100 000 dollars. Le network ABC avance même le chiffre de 12 millions de dollars cumulés depuis sa démission datée du 26 juillet 2009.

Si une majorité de la population américaine estime toujours qu’il lui est impossible d’exercer une quelconque fonction officielle, il pourrait s’avérer dangereux de sous-estimer ses réelles capacités.     

Sarah Palin est véritablement entrain de devenir l’une des valeurs montantes du parti républicain. Farouchement opposée à l’establishment politique démocrate, Sarah Palin a participé ces dernières semaines à de nombreuses manifestations du mouvement des « Tea Parties », les principaux opposants à la politique budgétaire de Barack Obama. Si ce mouvement demeure relativement minoritaire (selon les derniers sondages, seuls près de 18 % des américains s’identifieraient au mouvement des Tea Party), il n’en demeure pas moins omniprésent dans les médias américains et commence sérieusement à inquiéter l’administration du Président Obama.

Si Sarah Palin a soigneusement refusé de prendre la direction du mouvement des Tea Parties, elle continue néanmoins de s’impliquer activement en politique. Preuve s’il en est de son activisme, Sarah Palin est sollicitée par les ténors du parti républicain en perte de vitesse. Ses derniers mois, elle s’est personnellement impliquée dans plusieurs campagnes électorales et est notamment venue prêter main forte au gouverneur du Texas afin de favoriser son élection.

Qu’on le veuille ou non, Sarah Palin est devenue l’égérie du mouvement des patriotes conservateurs farouchement opposés à la politique, qualifiée de socialiste, de leur Président. Fiers de défendre leurs valeurs, les principaux opposants politiques du parti démocrate n’hésitent plus à parcourir des milliers de kilomètres pour se faire entendre jusqu’à Washington. Soutenus par de puissants réseaux médiatiques, les membres du Tea Party tentent de déplacer le débat vers la droite de l’échiquier politique américain. Un calcul  qui pourrait s’avérer risqué : la plupart des analystes estiment que lors de la prochaine élection présidentielle, les conservateurs devront rallier une partie de l’électorat centriste pour espérer l’emporter. Certains estiment au contraire qu’il ne faudrait pas sous-estimer l’importance des réfractaires au projet de société porté par l’administration Obama.

C’est justement le pari qu’est entrain de faire l’équipe de Sarah Palin : présenter une véritable alternative à la politique actuelle. Reste à savoir si ce pari réussira. Quoi qu’il advienne, Sarah Palin est entrain de renforcer sa stature de future candidate à l’élection présidentielle et se positionne d’ores et déjà comme l’une des contestatrices les plus radicalement opposées à la politique d’Obama. Une stratégie à suivre…

samedi 3 avril 2010

Réforme du système de santé adoptée : un vote historique



Cette fois, c’est fait. La grande réforme du système de santé américain a définitivement été adoptée par le Congrès puis été promulguée par le Président Barack Obama.

Il aura donc fallu près de 15 mois d’âpres négociations pour parvenir à ce vote qualifié « d’historique » par bon nombre de commentateurs politiques.

Cette réforme constituait en effet l’un des principaux engagements de campagne du candidat démocrate lors de l’élection présidentielle de 2008. Depuis Lyndon Johnson en 1965 (le Président américain ayant promulgué les deux programmes Medicare et Medicaid), jamais aucun Président n’était parvenu à faire passer une véritable réforme du système de santé aux Etats-Unis.

Le programme Medicare est destiné aux personnes âgées de plus de 65 ans ayant cotisé au moins pendant 10 ans (le programme fédéral étant en partie financé par un impôt s’élevant à près de 2,9% du salaire) et aux personnes handicapées de moins de 65 ans. Ce programme permet de couvrir, en partie, les dépenses de santé des personnes éligibles et est constitué de 4 fonds distincts : un fonds d’assurance hospitalière, un fonds d’assurance médicale, un fonds de couverture combiné avec un assureur privé et un fonds en faveur de la désintoxication.

Le programme Medicaid est, quant à lui, destiné aux personnes ayant de faibles revenus, les personnes âgées et les handicapés. Ce programme est cofinancé par le gouvernement fédéral et les Etats fédérés qui ont en charge sa gestion. Le programme Medicaid est assimilable à un programme de sécurité sociale. Si le Congrès définit les grandes lignes du programme au niveau national, le programme est géré localement par les Etats fédérés. Les règles d’admissibilité sont donc différentes dans chaque Etat fédéré. Certaines personnes sont admissibles aux deux programmes.

Il s’agit donc d’une grande victoire politique pour Barack Obama.

L’adoption de cette loi n’aura pourtant pas été simple…

Alors que la partie semblait encore être bien engagée il y a quelques semaines, un événement politique a très fortement retardé l’adoption de la réforme du système de santé. Contre toute attente, le 19 janvier 2010, le candidat républicain Scott Brown remporte l’élection sénatoriale du Massachussetts. Avec près de 51,9% des voix, Scott Brown succède à Edward Kennedy. Cette victoire est dotant plus inquiétante pour le camp démocrate, qu’elle a été remportée dans un Etat votant traditionnellement à gauche (tel fut notamment le cas lors de l’élection présidentielle de 2008).

ELECTION DE SCOTT BROWN (R) : LA TRAGEDIE DEMOCRATE

Cette victoire du camp républicain aurait pu être anecdotique si elle n’avait pas fait perdre aux démocrates leur majorité qualifiée au Sénat (les démocrates ne détenant plus que 59 sièges au lieu de 60).  En perdant cette majorité qualifiée au Sénat, les démocrates ont donc perdu davantage qu’une simple campagne électorale : les républicains pouvaient désormais se mener à des manœuvres d’obstruction (ou « filibustering » qui consistent notamment à se lancer dans des débats interminables destinés à retarder l’adoption d’un texte).

UN SUSPENSE INSOUTENABLE

Plusieurs scénarios étaient alors envisageables : soit la Chambre des représentants se prononçait en faveur de la version du projet adoptée par les sénateurs, soit elle décidait de voter en faveur de sa propre version (le texte passerait alors ensuite par une procédure de vote à la majorité simple au Sénat) ce qui risquait de considérablement retarder l’adoption de la réforme. La dernière option consistait à abandonner ces versions pour se concentrer sur l’élaboration d’une nouvelle version, moins ambitieuse, mais bipartisane.

UN PREMIER VOTE TEMPORAIRE

Finalement après plus de 10 heures de débats, les membres de la Chambre des représentants ont adopté la réforme du système de santé (219 voix pour / 210 voix contre et 2 parlementaires indécis). Il aura fallu attendre jusqu’à 23h57 pour que le texte de loi soit adopté. Il suffisait d’atteindre les 216 voix pour parvenir à ce vote historique.

Peu de temps après ce vote, le Président décide de s’exprimer depuis l’East Room de la Maison Blanche, signe que l’on venait d’assister à un instant politique fatidique de son mandat. D’une seule phrase, Barack Obama est parvenu à résumer l’atmosphère euphorique de son camp après plusieurs mois de combats acharnés : « nous avons prouvé que nous restions un peuple capable de grandes choses ».

Dès lors, le temps presse. La Maison Blanche précise que la réforme devrait rapidement être promulguée.

Le lendemain du vote, la presse américaine qualifie l’adoption de la réforme d’acte « historique ». Néanmoins, certains médias considèrent que le débat n’est toujours pas clôt. Certains journaux de droite avertissent que ce vote pourrait coûter cher au camp démocrate lors de l’élection législative de novembre prochain.

Mardi, le camp démocrate savoure sa victoire. Dans une ambiance euphorique, le président a promulgué la loi, entouré de nombreux parlementaires et membres de son administration. L’instant est symbolique, près de 32 millions d’américains privés de couverture santé se voient offrir une couverture santé dont ils étaient dépourvus. « Nous saluons l’avènement d’une nouvelle ère aux Etats-Unis » prononça Obama au cours d’un discours partisan.

Reste désormais à expliquer davantage la réforme à ses concitoyens afin de les convaincre plus massivement (une majorité d’entre eux étant toujours hostile à son instauration). Barack Obama décide donc d’immédiatement planifier un premier meeting, jeudi dans l’Iowa.

L’OFFENSIVE FINALE REPUBLICAINE

Mais jeudi : coup de théâtre ! En raison d’un vice de procédure, la loi promulguée par Barack Obama le 23 mars doit faire l’objet d’un nouveau vote.  La nouvelle est annoncée par le porte-parole de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, en personne. Le camp républicain, farouchement opposé à l’adoption de la réforme, est parvenu à trouver deux dispositions mineures constituant des vices de la procédure du Sénat.

Dès lors, les parlementaires vont devoir renvoyer pour vote un additif au premier ensemble législatif. Cet addendum fut finalement adopté par le Sénat (56 voix pour / 46 voix contre) et par la Chambre des représentants (220 voix pour / 207 voix contre).

UN SECOND VOTE HISTORIQUE

Si les démocrates ont quelque peu été refroidis par les dernières velléités républicaines, l’adoption de cet additif s’avère en réalité beaucoup plus contraignants pour ces derniers. En effet, profitant de cette ultime opportunité, les démocrates en ont profité pour inclure des dispositions accroissant l’interventionnisme étatique (augmentation de la contribution des gros contribuables, amélioration de la couverture maladie pour les personnes âgées et des mesures accroissant l’accessibilité à une couverture santé).

Fort de ce subterfuge, les démocrates peuvent enfin savourer leur victoire. « Cette bataille législative restera dans les annales » affirmera plus tard Harry Reid. 

LES GRANDES LIGNES DE LA REFORME

La réforme couvrira près de 32 millions d’américains dépourvus de couverture santé (soit près de 95% des moins de 65 ans). Son coût devrait s’élever à près de 940 milliards de dollars sur 10 ans. Selon les dernières estimations, la réforme devrait permettre de réduire le déficit de 138 milliards de dollars durant les 10 prochaines années et près de 1 200 milliards la décennie suivante.

Les assureurs privés ne pourront plus, désormais, refuser de couvrir des personnes ayant des problèmes de santé préexistants. Afin de financer une partie de la réforme, les assureurs privés devront acquitter 67 milliards de dollars d’impôts nouveaux durant les 10 prochaines années. Afin de favoriser la concurrence entre les différents organismes privés, la loi crée, au sein de chaque Etat, une sorte de bourse des polices d’assurances.

Afin de couvrir la plus large partie de la population possible, la réforme crée des pénalités pour les entreprises de plus de 50 salariés ne proposant pas de couverture santé à ses employés. Cette pénalité s’élève à près de 2 000 dollars par an par salarié non couvert (le gouvernement fédéral se substituera alors à l’employeur). En revanche, les entreprises de moins de 50 salariés n’ont aucune obligation de couverture. Pour compenser cette injustice sociale, ces entreprises et ménages modestes (familles gagnant moins de 88 000 dollars par an) recevront des crédits d’impôts ou d’autres aides financières destinés à couvrir leurs dépenses de santé.

Le gouvernement fédéral financera une partie des coûts de fonctionnement des dispensaires de quartiers.

Les enfants pourront rester couverts par l’assureur de leurs parents jusqu’à l’âge de 26 ans.

Enfin, contrairement à la volonté de Président, une caisse d’assurance maladie publique destinée à concurrencer les assureurs privés ne verra pas le jour.

La réforme de santé sera financée de la façon suivante : les revenus des investissements seront taxés à hauteur de 3,8% à partir de 2013, la taxe sur les salaires destinée à financer le programme Medicare sera augmentée de 0,9 point, les assureurs privés devront acquitter près de 67 milliards d’impôts nouveaux sur 10 ans, l’industrie pharmaceutique devra financer la réforme à hauteur de 23 milliards de dollars et les fournisseurs d’équipements médicaux devront acquitter une facture de près de 20 milliards de dollars.